Au cœur de la montagne thébaine, sur la rive ouest de Thèbes, se trouve un village qui était appelé en égyptien Set-Maât (La Place de Maât). Ce village était celui des ouvriers qui, durant le Nouvel Empire, étaient chargés du creusement et de la décoration des tombes royales de la Vallée des Rois et de la Vallée des Reines. En 1811 Bernardino Drovetti, alors consul de France, donne les premiers coups de pioche sur le site, mais c’est essentiellement à Bernard Bruyère que nous devons la fouille archéologique de ce village de Deir el-Medineh. Cette fouille fit alors sensation car il est très rare de découvrir des habitations, celles-ci étant généralement construites en matériaux périssables puisque non faites pour durer. La documentation découverte lors des fouilles fut exceptionnelle et cela entre autre grâce à la découverte du « puits aux ostraca ». Ce trou, d’une profondeur de 50 mètres, servi de dépotoir aux habitants du village qui y jetèrent notamment plus de 5000 ostraca (tessons de poterie ou éclats de calcaire) constituant des archives documentaires, des textes littéraires et des textes sur le quotidien des habitants. Ces sources permirent de connaître avec précision la vie de ces ouvriers spécialisés divisés en corporations, travaillant en équipe et dépendant de l’administration royale qui leur fournissait les outils et la matière première, et les payait en nature. Ces ouvriers vivaient au village avec leur famille qui, comme eux, était tenue au secret afin de ne pas révéler l’emplacement des tombes royales et éviter ainsi les pillages. Le village s’étendait sur environ 135 mètres de long et 50 mètres de large et les maisons, construites en briques crues, présentaient un certain confort. Chaque ouvrier souhaitait également posséder une tombe pour lui et sa famille et il utilisait donc son temps libre à sa construction et à sa décoration. Ces tombes présentaient une architecture originale : au fond d’une cour close par un mur d’enceinte se trouvait la chapelle dont l’entrée était surmontée d’une pyramide. L’accès au caveau s’effectuait par un puits funéraire s’ouvrant dans la cour ou dans la chapelle. Ce puits amenait à un vestibule puis au caveau proprement dit qui, chose rare, était entièrement décoré. À la fin du Nouvel Empire le village n’eut plus lieu d’être car les pharaons cessèrent de se faire enterrer dans la montagne thébaine lorsque le pouvoir passa aux mains des Grands Prêtres d’Amon.Le long du village de Deir el-Medineh fut construit, à l’époque ptolémaïque, un temple dédié aux déesses Hathor et Maât. Ce temple, qui prend place sur des structures cultuelles plus anciennes, fut commencé sous le règne de Ptolémée IV Philopator et achevé sous celui de Ptolémée VIII Evergète II. À l’intérieur du mur d’enceinte se dresse le temple aux dimensions modestes comprenant un vestibule, un pronaos et trois chapelles, dont l’une dédiée à Hathor-Maât. Sur les côtés du temple prend place des chapelles votives et des dépendances, et à l’arrière une chapelle d’époque romaine a été ajoutée. Tout comme les autres temples de l’époque ptolémaïque, ce petit temple fut construit et décoré dans les règles de l’art avec le respect des cultes égyptiens.